S’asseoir au jardin public

Une pratique et un service

Le jardin des Tuileries est l’un des premiers au monde, sinon le premier, à avoir mis des sièges à disposition du public. En effet, jusqu’au début du 17e siècle, la présence de chaises ou de bancs n’allait pas de soi dans les jardins publics ! La notion même de jardin « public » n’existait pas encore, car les grands jardins parisiens – Tuileries, Luxembourg ou futur jardin des Plantes – étaient royaux. Ils étaient réservés à la famille royale et à la cour. Après l’achèvement du jardin des Tuileries par André Le Nôtre, Colbert, le grand ministre de Louis XIV, décide de laisser le jardin ouvert à tous. Il s’agit néanmoins d’un public choisi car l’entrée est refusée par les gardes aux « laquais » ou à la « canaille ». Quelques bancs en bois sont alors installés ; à la fin du siècle, on en dénombre près de deux cents.

S’asseoir au jardin des Tuileries fait partie d’un rituel alors nouveau : celui de la promenade urbaine, qui a fait l’objet d’études récentes par des historiens comme Daniel Rabreau ou Laurent Turcot. Sa fonction est autant sociale et mondaine qu’hygiénique : il s’agit de « voir et être vu », tout en respirant le « bon air ».

Puis la promenade gagne les grands boulevards, alors en pleine expansion, où des bancs en pierre sont installés dès 1751, sur le modèle de ceux qui existent déjà dans les jardins. Dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, publiée à partir de 1782, la mise à disposition de bancs dans l’espace public est considérée comme « nécessaire ». Or voilà qu’aux Tuileries mêmes, les sièges étaient devenus payants. Ainsi en a décidé en 1767 le gouverneur Bontemps qui a même engagé des « chaisières » pour percevoir le produit de la location ! Dès que l’on s’assied, la chaisière vient réclamer une pièce. C’est seulement en 1970 que s’assoir au jardin redevient gratuit.

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