
- Chronique
Un chroniqueur sous Louis XV
Louis-Dominique Bontemps (1738-1766) fut le premier valet de chambre ordinaire du roi Louis XV et le gouverneur du palais et du jardin des Tuileries. En 1760, il décida d’introduire, en plus des bancs en pierre, des chaises en bois, qui sont louées. Le produit de cette location était destiné sa maîtresse ; Marie Allard, danseuse à l’Opéra !
Cette pratique nouvelle s’ajouta à celle qui consistait à arroser le sol poussiéreux du jardin à l’aide d’un tonneau. C’est la raison pour laquelle Gabriel de Saint-Aubin (1724-1780) a réuni ces scènes dans un diptyque. Il y a ajouté de l’aquarelle, pour leur donner plus de vie.
Saint-Aubin fut un extraordinaire chroniqueur de la vie quotidienne des Parisiens. Il se promenait sans cesse, un crayon à la main. Dans ses carnets de dessins et ses gravures, il a consigné mille et une scènes amusantes, dont plusieurs dans des jardins publics. Le musée du Louvre conserve nombre de ses œuvres et lui a consacré une exposition en 2008.
La sculpture à gauche de l’image est parfaitement reconnaissable : il s’agit d’Énée portant son père Anchise, suivi d’Ascagne, réalisée à Rome par Pierre Le Pautre entre 1697 et 1716. Ce groupe sculpté a été placé dans le parc de Marly puis installé au jardin des Tuileries en 1717, à l’ouest du Grand Bassin rond. Rentré au Louvre en 1989, il est visible dans la cour Marly.
Dans cette scène, Gabriel de Saint-Aubin a joué du contraste entre le caractère sérieux de la statuaire et la frivolité des promeneurs. En effet, l’usage des chaises est explicité par les vers qui figurent de part et d’autre du titre : « Le faste se repose en ces jardins charmants / Les cercles sont formés autour de chaque belle / Nonchalamment assis, mille couples d’amants / S’y jurent à leur aise une flamme éternelle ». En clair, les chaises favorisent la galanterie qui est en usage dans la haute société.
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